« VIANDES : UN ARRIÈRE GOÛT DE DÉFORESTATION »
L’utilisation massive de soja dans l’alimentation animale, principale cause de la déforestation du Cerrado au Brésil.
A la veille du salon de l’agriculture de 2012, le WWF France
sort un rapport intitulé « Viandes : un arrière goût de déforestation »
qui dénonce la dépendance de la France aux importations de soja pour
l’alimentation des volailles et du bétail et démontre que l’expansion de
cette culture en Amérique du Sud dégrade les écosystèmes de ce
continent.
> La culture de soja, cause de déforestation
Alors que l'édition 2012 du salon international de l’agriculture
s'apprête à ouvrir ses portes, nous avons tendance à oublier que le
bétail français est nourri avec de grandes quantités de matières
premières issues de monocultures intensives qui participent à la
déforestation.
Principalement destiné à nos élevages, le soja, issu de monoculture
intensive en Amérique du sud, est aujourd'hui la matière première
alimentaire la plus importée en France. Le rapport du WWF France révèle
que nos besoins en soja représentent l'équivalent de la superficie de
deux départements français la Gironde et les Landes.
> Le Cerrado, un joyau brésilien oublié qui disparaît
Au Brésil, les surfaces de production de Soja sont passées de 1,7
millions à 21,7 millions d’hectares en à peine 40 ans. Cet accroissement
exponentiel a généré une déforestation massive de la forêt atlantique
jusqu’à l’Amazonie. Le Cerrado, savane boisée brésilienne de 2 millions
de km² (1/5ème du Brésil) hébergeant 5% de la biodiversité mondiale avec
plus de 5000 espèces endémiques, est aujourd'hui l’éco-région la plus
touchée par l’expansion de la culture du soja. 49% de sa surface a
d'ores et déjà disparu au profit des cultures intensives.
Cette déforestation en plus d'entraîner une perte importante de la
biodiversité et une érosion des sols massive, accélère également le
dérèglement climatique et perturbe fortement le cycle de l’eau en
augmentant les sécheresses.
Outre les conflits sociaux qu'elle provoque avec les communautés
locales, la culture du soja est une monoculture intensive qui entraîne
une forte augmentation de l’usage des intrants chimiques en Amérique du
sud. 70 à 75% de la production mondiale de soja est génétiquement
modifiée ce qui généralise l’utilisation de glyphosate
[1]
.
> Les importations de soja en chiffres
En 2010, la France importait 4,6 millions de tonnes de soja
sous forme de tourteaux, d'huile, de graines de farine et de sauces. 90
% de ces volumes étaient destinés à l’alimentation animale
principalement sous forme de tourteaux et 70 % provenaient directement d’Amérique du sud.
La France est aujourd'hui la 3ème importatrice mondiale
de soja brésilien.
Les besoins d'un français
pour satisfaire son alimentation carnée représentent l'équivalent de la superficie d'un terrain de basket de culture de soja.
La filière avicole (volaille et œuf) absorbe 58% du soja destiné à l’alimentation animale
. 30%
sont destinés à la filière bovine,
notamment pour les vaches laitières, et 12%
pour l’élevage porcin
.
> Alternatives locales et certification RTRS Non OGM, des solutions concrètes
Alors que des actions sont entreprises pour des produits entrainant la
déforestation comme le papier, le bois et l’huile de palme, les
démarches mises en place concernant la problématique du soja dans
l'alimentation animale se font attendre. Elles existent pourtant et nous
permettraient de réduire notre empreinte écologique liée au soja.
Alors que la mascotte du salon de l’agriculture, la vache « Valentine »
broute de l’herbe sur les affiches, la majorité des autres bovins, dans
les élevages français, sont nourris aux céréales et au soja importé sans
réelles garanties environnementales.
Comme c'était le cas par le passé, le WWF France rappelle dans son
rapport « Viandes : un arrière goût de déforestation », que la France
pourrait aujourd'hui nourrir son bétail avec des aliments issus de
cultures produites durablement nécessitant moins ou aucun apport
d’engrais azotés tel que le pois, la luzerne, la féverole, le lupin, le
lin mais également le soja produit localement, le tournesol ou encore le
colza.
Pour le soja restant à importer, il existe diverses certifications comme
la RTRS garantissant une production qui n'est pas issue de nouvelle
conversion d’habitats à haute valeur de conservation, utilisant de
meilleures pratiques agricoles, et s’assurant que le travail est
effectué de façon éthique et dans le respect de la revendication des
terres. Cette certification est un premier pas vers la durabilité des
approvisionnements en soja. De plus ce soja certifié peut être tracé NON
OGM.
> Le WWF France appelle les entreprises françaises concernées
par l’utilisation de soja d'importation à agir et mettre en place une
démarche de progrès
Le WWF France, a envoyé ce jour un courrier aux 40 principales
entreprises utilisatrices de soja (des traders aux distributeurs en
passant par les coopératives) pour les alerter sur l’impact du soja au
Brésil et les appeler à mettre en place un politique préférentielle pour
le soja RTRS non OGM et les alternatives locales.
Le consommateur peut lui aussi agir en ré-équilibrant ses apports en
protéines animales, consommées aujourd'hui en excès par rapport aux
protéines végétales et ainsi contribuer à la réduction d'utilisation de
soja pour la production de viande.
Lien vers le rapport
:
"Viandes : un arrière goût de déforestation"
Twitter :
#zérodéforestation
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